Naara la métisse

Naara a connu l'esclavage depuis ses 10 ans élevée  par le coté darfari de sa famille assez éloignée de la civilisation comme on l'imagine.
Vendue à un batisseur stygien, elle oeuvre d'abord comme domestique basique, nettoyant le linge, aidant les adultes à l'entretien de la maison du maitre.Avec les années elle se montre étrangement douée pour l'art de la forge qu'elle cotoie par hasard dans les ateliers du maitre, lequel finit par la changer de poste.
Elle y apprends cette nouvelle et insolite voie.
A la mort de son maitre, nouvel esclavage avec un autre propriétaire, dans la fascinante et dangereuse cité de Shadizar.
Sa maitresse en l'occurrence, tenancière d'un bordel de luxe lui ouvre peu à peu la porte au métier plus gratifiant de courtisane ou elle sait se rendre agréable, par ses charmes bien sûr, mais pas seulement.
L'histoire s'arrête la ou elle se trouve mêlée à une des innombrables manigances de la cité des voleurs qui l'envoie sur la croix.

Elle n'était contre toute attente pas à la cérémonie qu'elle n'aurait ratée pour rien au monde.

Qu'ils lui rendent ou non, elle les aimaient tous, Dranor, Akhoris, Tris Ard et bien d'autres encore mais elle avait envie d'être seule, seule avec Harya, son amie.

Pourtant en cet instant, elle était sûrement plus avec elle qu'elle ne l'avait jamais été.

Elle avait choisi le site, le fameux site du sauvetage, de la bataille épique qu'elle décrivait en doublant à chaque fois le nombre de hyennes qu'elle avait du tuer pour sauver Harya- au nombre de trois- dans un temps reculé qui lui paraissait une éternité.Et ce contre toute prudence, Dranor se serait étranglé de la savoir presque sous les murs des Mitrans à l'oasis.

Elle si sociable ne voulait personne, personne qui lui dirait qu'il aimait plus Harya qu'elle, ou qu'il la connaissait mieux ou qu'elle avait voulu qu'il advienne telle chose de son corps ou qu'elle était désormais auprès de tel ou tel dieu.
Elle s'en fichait, ce soir la, il n' y avait que les étoiles, elle, Harya et ses larmes.

Elle lui raconta une dernière fois le récit épique de la bataille des hyennes.
Ce fut assurément son meilleur récit devant quelques surricates curieux venu faire office de public devant lesquels elle s'inclina bien bas, plus outrancier que jamais, plus coloré, drôle ou émouvant.
Elle parla toute la nuit, Harya aura sans doute sourit, l'écoutant en baffrant avant de s'endormir et ronfler bruyamment.


A l'aube, elle l'enfant dans sa tête rentra vers le  si triste monde des hommes après une dernière caresse sur le petit tertre de pierres simple qu'elle avait fait pour elle.

Adieu l'amie.